Le “privilège du blanc”. Rituel d’élégance et de diplomatie dans l’ombre du Vatican

Le privilège du blanc. Rituel d’élégance et de diplomatie dans l’ombre du Vatican
Nadine Sayegh-Paris
Dans l’imaginaire collectif, la rencontre avec le pape obéit à une étiquette stricte où le noir s’impose comme la couleur de la modestie et du respect. Pourtant, au cœur de ce protocole millimétré subsiste une rare exception, héritée de l’histoire diplomatique européenne : le privilège du blanc. Une tradition que seules quelques souveraines catholiques au monde sont autorisées à observer, perpétuant un usage à la fois discret, symbolique et profondément culturel !
Une tradition née de la diplomatie des cours royales
Le privilège du blanc tire ses origines de la cour pontificale d’Ancien Régime, lorsque le Vatican fonctionnait encore selon un cérémonial proche de celui des monarchies européennes.
À cette époque, l’habillement n’était pas une simple affaire d’esthétique : il traduisait un rang, une allégeance et parfois même une théologie.
Les reines catholiques, notamment celles d’Espagne, de France et de Savoie, étaient considérées comme alliées naturelles du Saint-Siège. Le noir, qui symbolisait la modestie ou la pénitence, n’était pas jugé nécessaire pour des souveraines qui incarnaient déjà, par leur couronne, la défense du catholicisme sur la scène internationale. De là est née l’autorisation informelle, puis codifiée au XIXᵉ siècle, de s’habiller en blanc lors d’audiences privées avec le pontife.
Signe de dignité royale, le blanc porte un double message : spirituel, il confirme l’unité de foi entre la souveraine et le pape et diplomatique car il souligne le rôle historique des monarchies catholiques comme protectrices de l’Église.
Un protocole aujourd’hui assoupli mais pas disparu. Il appartient à ce langage silencieux que parlent encore la diplomatie, la liturgie et l’histoire. Il rappelle que certaines traditions ne survivent pas par rigidité, mais parce qu’elles constituent une mémoire vivante de l’Europe catholique et de ses liens anciens avec le Saint-Siège.
Aujourd’hui, dans un monde où les monarchies ont considérablement évolué, seules quelques femmes peuvent revendiquer encore ce privilège. La reine d’Espagne. La reine de Belgique. La princesse de Monaco (si elle est catholique) et la Grande-Duchesse de Luxembourg. Alors que la reine Maxima des Pays-Bas, née catholique, l’a perdu en se mariant au roi Willem-Alexander, de famille royale néerlandaise traditionnellement protestante !




