Les peluches. Histoire d’affection, du doudou ancestral au Teddy Bear
Nadine Sayegh-Paris
Difficile d’imaginer une chambre d’enfant sans peluche. Douces, rassurantes, héritées d’une génération à l’autre, elles sont devenues des compagnes universelles. Mais d’où viennent ces fidèles doudous
Bien avant l’invention industrielle de la peluche, les enfants jouaient déjà avec de petits objets rembourrés. Dans l’Égypte ancienne, on a retrouvé des poupées en lin bourrées de papyrus. Quant à l’Europe du Moyen Âge, on y confectionnait des figurines en tissu, garnies de paille et de laine. Ces premiers “doudous” n’avaient rien de commercial, mais remplissaient déjà une fonction de réconfort
L’histoire moderne des peluches voit le jour au XIXᵉ siècle avec une femme visionnaire, Margarete Steiff, une couturière allemande atteinte de poliomyélite. En 1877, elle ouvre un petit atelier de jouets textiles. Quid de son premier succès ? De petits éléphants en feutrine utilisés comme pincushions (coussins à épingles) que les enfants détournent immédiatement en jouets
Cependant, le véritable tournant a lieu en 1902 aux États-Unis. Et tout commence par une anecdote. Lors d’une partie de chasse, le président Theodore Roosevelt refuse d’abattre un ourson capturé. La presse s’empare de l’histoire et un couple d’immigrés russes, Morris et Rose Michtom, fabrique un ours en peluche qu’ils baptisent ‘Teddy’s Bear’ et le succès est fulgurant
Au même moment, en Allemagne, Richard Steiff, le neveu de Margarete, crée un ours articulé en peluche. Présenté à la foire de Leipzig, il séduit un acheteur américain qui en commande 3 000. Ainsi naît l’un des jouets les plus célèbres du XXᵉ siècle
Dans les années 30’s, les ours et les peluches inspirés des dessins animés comme Mickey ou Winnie l’Ourson, commencent à envahir les chambres d’enfants. Dans un marché aussi demandeurs, il fallait alors se mettre à améliorer la qualité de ces produits et y introduire des matières synthétiques plus douces et plus accessibles à tous
Aujourd’hui, elles ne sont plus seulement des jouets. Les peluches deviennent des objets de collection, de luxe, en éditions limitées, des produits dérivés de la pop culture, Pokémon, mangas ou Disney, ou des outils thérapeutiques, utilisés en hôpitaux et en gériatrie
De l’ourson de Roosevelt aux doudous d’aujourd’hui, les peluches ont traversé les époques sans perdre leur magie. Elles nous rappellent que derrière chaque jouet, il y a une histoire faite d’affection, de réconfort et parfois d’un simple morceau de tissu devenu compagnon, pour la vie
