Ces pruneaux d’Agen venus de Syrie !
Nadine Sayegh-Paris
Qui ne connait pas le bon goût des pruneaux d’Agen ? De forme allongée, issu du séchage de la prune d’Ente, ce fruit emblématique, riche en fibres et en potassium, est un concentré d’énergie. Une énergie ‘orientale’ qui proviendrait du croisement d’une variété de prunes ramenées de Syrie, au XIIème siècle, avec une variété locale !
Le premier prunier, venu de Chine, commence à s’établir sur tout le pourtour méditerranéen sous l’impulsion des Grecs et des Romains, développant par la même, la technique du séchage des fruits. Méthode utilisée en masse par les médecins grecs, romains et arabes plusieurs siècles avant JC.
Bien plus tard, au XIIIème, c’est avec le retour de la IIIème croisade, que les moines de l’abbaye de Clairac (près d’Agen) hybrident des pruniers locaux avec des plants de pruniers de Damas donnant ainsi naissance à une nouvelle variété de prunier baptisée « prunier d’Ente » (du vieux français « enter » signifiant « greffer »). Par séchage au soleil des fruits de cet arbre, ils obtiennent les premiers pruneaux d’Agen.
Grâce à son port sur la Garonne, Agen est la ville d’où les pruneaux sont embarqués sur des gabarres à destination de nombreux ports d’Europe. Estampillés du nom de leur point d’expédition, les pruneaux sont aussitôt associés au nom de cette ville. En fait, l’appellation ‘Pruneaux d’Agen’ est une étiquette de grande renommée qui va résister au fil des siècles jusqu’à obtenir sa reconnaissance officielle par l’Union Européenne en novembre 2002, et finit par avoir une attribution IGP (Indication Géographique Protégée).
Ainsi seuls les pruneaux issus de cette zone géographique qui se situe entre le Lot-et-Garonne, la Gironde, la Dordogne, le Gers et le Tarn-et-Garonne ont droit à l’appellation ‘Pruneaux d’Agen’.
Par conséquent, pour préserver ce label européen jusqu’à nos jours, ces fruits sont élaborés, plantés, séchés, conditionnés et transformés par des entreprises implantées obligatoirement sur cet unique espace géographique !
