L’amour, l’alliance et l’annulaire gauche
Nadine Sayegh-Paris
Porter l’alliance à l’annuaire gauche relève-t-il de l’anecdote, de la religion ou de la coutume ?
La « vena amoris »
Depuis l’Antiquité, le fait de porter l’alliance à l’annulaire gauche est pratique courante. Autour du IIIe siècle avant Jésus-Christ, la médecine grecque a pour croyance qu’une veine part de l’annulaire gauche pour rejoindre le cœur. On la surnomme la “vena amoris”, la veine de l’amour. Ainsi, lorsque l’annulaire gauche est décoré d’un anneau, cela signifie que le cœur est déjà pris ! Et depuis, plusieurs études se sont mises à critiquer cette hypothèse, allant même jusqu’à la démentir, puisque ‘’l’on sait aujourd’hui que cette veine n’existe pas.”
D’autres origines et d’autres usages
Alors, les chercheurs se tournent vers d’autres sources, telle la religion ou la pop culture. Au XVIIe siècle, lors des cérémonies de mariage, le marié entame un rituel au moment de la prononciation des vœux : ‘’il touche d’abord l’index de sa future femme en prononçant “au nom du Père”, puis “du Fils” en caressant le majeur, et évoque “le Saint-Esprit” en touchant l’annulaire gauche’’. En passant ensuite l’anneau au doigt, il scelle leur union devant Dieu. Quant à la culture païenne, elle attribue à chaque doigt sa famille. Le pouce représente les parents, l’index est lié aux frères et sœurs, le majeur, élément central de la main, représente le ‘je’ (le moi-même), l’auriculaire les enfants et l’annulaire notre partenaire de vie. Etymologiquement parlant, l’annulaire, du latin ‘annularius’, renvoie au terme anneau, ce qui donne une explication supplémentaire à cette coutume !
A l’annuaire et… gauche
Si cet usage d’annuaire prévaut en France, ailleurs c’est bien différent. Les Indiens, par exemple, portent l’alliance au pouce, d’autres peuples à l’index. En Allemagne, en Pologne ou encore en Russie, l’alliance est portée à l’annuaire, mais, à droite, et ceci pour des raisons culturelles et historiques. De ce fait, certaines contrées, marquées par des influences orthodoxes et protestantes, font valoir leur différence à ce niveau pour se démarquer des catholiques et maintenir la tradition issue de la Rome antique : une alliance doit être portée à cette main, associée, à la raison, à la fiabilité et à la droiture !
