L’eau en bouteille ou l’eau gratuite, que choisir ?
Nadine Sayegh-Paris
Si l’eau du robinet est presque gratuite, elle a en revanche ‘sale’ réputation auprès des consommateurs de par son calcaire et son mauvais goût. Alors certaines entreprises se sont mises à l’empaquetage de l’eau. Ainsi elles ont une image propre, une eau de bon goût et un budget marketing confortable !
La mise en bouteille de l’eau a commencé au Royaume-Uni en 1621 alimentée en grande partie par la résurgence de la cure thermale et de la thérapie par l’eau chez une élite riche, européens et américaine. En Amérique du Nord, l’eau de source polonaise ‘Poland Spring’ a été mise en bouteille pour la première fois en 1845 dans des demi-coffres en verre de 3 gallons. Plus tard, c’était le tour de Perrier en Europe et São Lourenço en Amérique du Sud car l’eau embouteillée était pour beaucoup une alternative plus sûre aux réserves d’eau municipales, contaminées par des agents pathogènes comme le choléra et la typhoïde. Au point que la ‘Saratoga Springs’ arrivait à produire plus de 7 millions de bouteilles d’eau par an !
Au cours du XX siècle, en France, les eaux de sources minérales comme Evian ou Vittel commençaient à être populaires et les patients rentraient à la maison avec leurs propres réserves d’eau. Une modeste demande d’eaux minérales en bouteille s’est développée dans les pharmacies jusqu’aux années 1960, lorsque le développement des grandes surfaces a stimulé la demande de nouvelles catégories de produits alimentaires. Jusqu’à devenir, avec le temps et pour certaines marques, un produit de luxe !
En 2001, les trois premières entreprises – Nestlé (qui possédait Perrier, Vittel et Contrex), Danone (Evian, Badoit et Volvic) et Neptune (Cristaline et Saint-Yorre) – contrôlaient 63 % des volumes d’eau en bouteille vendus en France, 60% en Italie, 48% des volumes vendus en Espagne et 42% aux États-Unis. Suivant les préférences des consommateurs, les canaux de distribution et la dynamique concurrentielle.
« Un changement majeur dans l’industrie est intervenu avec l’introduction des eaux purifiées par PepsiCo (Aquafina) en 1994 et Coca-Cola (Dasani) en 1999. Contrairement aux entreprises d’eau de source, qui extrayaient généralement l’eau des aquifères souterrains et des sources, ces entreprises utilisaient l’eau du robinet municipal filtrée par des systèmes d’osmose inverse qui éliminaient les impuretés de l’eau. Cette mesure a permis aux embouteilleurs de Coke et de Pepsi d’utiliser leurs équipements de purification et les canaux de distribution existants, et ont rapidement gagné le marché » selon un analyste de la firme.
Alors si certains écologistes pensent que l’industrie mondiale de l’eau embouteillée se trouve à un point d’inflexion critique, sur le terrain les ventes n’ont jamais été aussi en hausse surtout avec ces longues vagues de chaleur qui touchent la planète !
