Barbe et moustache, quelle histoire !

Quelle drôle d’histoire que celle de la pilosité faciale !

Nadine Sayegh – Paris

En cette période de fêtes où tout le monde attend Père Noel à la barbe blanche et la moustache épaisse , il est intéressant de revenir sur leur drôle d’histoire dont le port ne s’est généralisé qu’après une longue grève en 1907 ! Originalité, virilité et charme, la barbe et la moustache attirent près de 41% des femmes et font l’objet de compétitions depuis plus de 100 ans avec la création des premiers clubs de barbus et de moustachus.

 

Une grève pour une simple moustache

En Asie, à l’époque médiévale, pour intimider les gens, les samouraïs portent le menpō, un masque à moustache. Alors qu’en France, celle-ci fait figure d’exception royale : Henri III l’arbore fine, comme Louis XIII puis Louis XIV. Symbole de virilité et de sagesse en ce début de XXe siècle, la moustache est facteur de distinction sociale suivant une norme bien ancrée au sein de la société française. Les employés, domestiques, concierges et « professions du peuple » doivent se la raser tous les jours, tandis que les aristocrates, les militaires, les gendarmes et les nobles, eux, ont le droit de la porter.

Il y avait un tel engouement pour la moustache, qu’en 1860 le potier britannique Harvey Adams invente la tasse au protège-moustache. Un accessoire qui s’est ensuite répandu dans le reste de l’Europe.

Dans ce contexte de permis et d’interdit, les garçons de café parisiens, vêtus de noir et blanc, cravate ou nœud pap, se sont mis en grève en 1907 pour obtenir……. le droit de porter la moustache. Une réclamation bien futile aujourd’hui, mais d’une importance essentielle à l’époque !

Quand la barbe parcourt l’Histoire

Quant à la barbe, elle murit dans un autre contexte.

Dans l’Égypte ancienne, l’on retrouve les barbes élaborées chez les égyptiens de la « classe supérieure ». Plus tard, pendant la période dynastique, les cheveux sont considérés comme un signe de classe inférieure et les hommes se mettent à enlever tous leurs poils, même les cils !

En Mésopotamie, la longueur et le style de la barbe reflètent la classe et le pouvoir. Et pour les chevaliers de la vieille Europe, la barbe est signe de masculinité et d’honneur. Le pire survient lors du règne d’Henri VIII qui fait de la barbe une infraction taxable, alors que lui-même la porte ! Plus tard, entre 1914 et les années 60, il est interdit aux soldats américains de la revêtir car elle peut brouiller les masques des soldats. Puis arrivent les années 50 et 60, où les beatniks et les hippies font revivre le port de la barbe en signe de contre-culture.

Une longue histoire qui se banalise enfin dans les années 90 depuis que des championnats du monde de barbes et moustaches voient le jour. Alors, laissons-les tranquilles et que la société libère son esprit de cette pilosité faciale !