De la guerre des pieds à la guerre des terres ! Vive la Coupe du Monde

Le foot. De la guerre des pieds à la guerre des terres ! (la Coupe du Monde)

Nadine Sayegh-Paris

 En ces temps excitants de foot avec la Coupe du Monde de la FIFA Qatar 2022, il serait intéressant de revenir un peu sur l’histoire particulière de ce sport qui unit les gens, quels que soient leur âge, race, sexe, culture ou nationalité, même si, de tous les sports, il est l’activité la plus instrumentalisée au service de finalités économiques et politiques.

On ne joue pas pour jouer. On joue pour gagner et pour définir une identité nationale !

Le foot instrumentalisé

A l’image de la thèse du président Gerald Ford qui affirme qu’« un succès sportif peut servir une nation autant qu’une victoire militaire », chaque affrontement prend toutes les apparences d’une guerre ritualisée.

Le premier régime qui instrumentalisa le football fut celui de Benito Mussolini. Les fascistes pensaient que le football permettait de rassembler, « d’exercer sur des foules considérables une forte pression et d’entretenir les pulsions nationalistes des masses ». Mussolini fut le premier à considérer les joueurs de l’équipe d’Italie comme « des soldats au service de la cause nationale ».

Dans les zones de conflits, le football reflète aussi la violence des antagonismes. Dans les territoires occupés, les rencontres de football sont interdites depuis le début de l’Intifada craignant des débordements d’après-match. Quant à l’OLP, elle a mis sur pied en 1964 l’équipe nationale de Palestine. Bien formée, elle participe à de nombreux matchs à l’étranger, car le football palestinien est de pratique courante depuis de longues dates, même avant la fondation de l’Etat d’Israël. Il a participé à la Coupe du Monde de football en 1934.

Le football, reflet des sociétés

Le football sert aussi de ‘caisse de résonance’ à des protestations sociales. Comme ce fut le cas en Iran dans les années 80 où plusieurs matchs se sont achevés par des manifestations. Les gens profitant de l’anonymat pour crier leur opposition à Khomeiny.

En Chine aussi les déchaînements sont fréquents. Comme la violente émeute de mai 1988 menée après match par de jeunes chômeurs face aux inégalités nées des réformes.

Le foot et la guerre de Cent Heures

Il s’agit du conflit qui opposa le Salvador et le Honduras en juillet 1969, nommé aussi ‘guerre du football’ même si le foot n’a été que le catalyseur !

Dans cette atmosphère de disparité économique, d’une mainmise du pouvoir par une oligarchie, d’une forte migration salvadorienne au Honduras, ces 2 pays jouent les matches éliminatoires pour la Coupe du Monde de foot du Mexique. Ayant chacun gagné un match, ils doivent maintenant s’affronter à Mexico afin d’être départagés. Le Salvador l’emporte, mais les troubles ne cessent point. Le Honduras ayant accusé les arbitres de malhonnêteté et les joueurs de tricherie.

Le 14 juillet, un avion militaire salvadorien lâche une bombe sur Tegucigalpa et la guerre de Cent Heures est déclenchée provocant 3 000 morts, 15 000 blessés et 50 000 personnes délogées. Quelques jours plus tard, sous la pression de la communauté internationale, les Salvadoriens retirent leurs troupes.

Ainsi, quel que soit le contexte, le football reste le miroir d’une société qui se projette dans l’équipe et place en elle tous ses espoirs mais aussi ses frustrations et son agressivité !