‘7oub’ l’expo d’Alia Ali à Paris, entre Orient et Occident !
Nadine Sayegh-Paris
Des images qui allient textile, mot et 8e art autour de l’humain, sont ces belles représentations du corps féminin recouvert de tissu wax ou africain de l’artiste yéménite Alia Ali qui vient d’exposer à Paris à la ‘93 Gallery’. Cette célèbre galerie d’art contemporain parisienne, dédiée aux arts du monde et de ses 193 pays.
Comme le souligne Alia : « Le tissu est une constante dans mes pratiques. Le textile a une signification pour chacun d’entre nous. Nous sommes nés en lui, dormons en lui, mangeons et nous nous y définissons. Nous nous protégeons avec et éventuellement, nous mourons en lui. Cependant, tout en nous unissant, nous sommes physiquement et symboliquement divisés par le tissu ». Et cette série colorée appelée «7oub», amour en arabe, rappelle la beauté et la richesse cette langue, dévalorisée principalement depuis le 11 septembre 2001.
« Je suis originaire de deux pays qui n’existent plus : la Yougoslavie et le Yémen du Sud. Mes parents sont des linguistes migrants et malgré les sept langues qu’ils parlent, ils ne partagent que l’anglais. J’ai grandi entre Sana, Sarajevo, Istanbul, le Michigan et l’Indiana. Plus tard, j’ai vécu au Pays de Galles et à la Nouvelle Orléans ».
Géographiquement globetrotter, culturellement musulmane, spirituellement indépendante, Alia Ali affronte à travers son travail « les barrières dualistes des notions conflictuelles de politique, de médias et de citoyenneté ». Ses créations intriguent et fascinent car l’art qu’elle a su inventer reflète des notions d’identité, de frontière et d’universalité.
À travers les tissus qu’Alia utilise, les imprimés et les figures anonymes, elle a pu créer son propre langage visuel, qui vibre et révèle les expériences qui l’ont façonnée.
« Mon art critique la linguistique, pour cela j’ai opté pour la photographie et la vidéo. Mes voyages m’ont amenée à comprendre les défauts de la traduction et de l’interprétation de la langue écrite ».
De réputation internationale, le travail d’Alia a été présenté dans le Financial Times, Le Monde et Vogue, entre autres. Elle qui a remporté de nombreux prix et a exposé à Francfort, à Marrakech, à Dubaï, aux Pays-Bas et à Washington avant Paris.