Le sang, cette mosaïque invisible qui coule dans nos veines !

Le sang, cette mosaïque invisible qui coule dans nos veines !
Nadine Sayegh-Paris
De l’Antiquité aux laboratoires modernes, le sang fascine. Symbole de vie, de force, de filiation et de sacrifice, il n’a cessé d’être au cœur des mythes et des pratiques culturelles. Avec la découverte des groupes sanguins au début du XXe siècle, une nouvelle dimension s’est ouverte : non seulement médicale, mais aussi anthropologique et culturelle !
De ce fait, chaque goutte de sang porte la mémoire des migrations, des épidémies et des adaptations des civilisations.
Dans l’Égypte ancienne, il représentait la vitalité divine. En Grèce antique, il était l’un des quatre “humeurs” qui réglaient l’équilibre du corps et de l’âme. Dans le christianisme, il devient symbole de rédemption et de sacrifice. En Occident, le sang est surtout associé à la filiation, la noblesse (“sang bleu”), ou la religion (le sang du Christ). Au Japon, une lecture plus contemporaine s’est imposée : depuis les années 1920, le groupe sanguin est associé à la personnalité ! Alors les A seraient méthodiques, les B créatifs, les O leaders naturels, et les AB mystérieux. On retrouve ces références dans les mangas, les émissions télévisées et même les agences de rencontre ! Encore aujourd’hui, on trouve des “horoscopes sanguins” et certaines entreprises japonaises vont jusqu’à demander le groupe sanguin lors des recrutements !
Cependant, il n’existe pas seulement les célèbres groupes A, B, AB et O. La science a identifié plus de 40 systèmes sanguins. Leur répartition varie selon les régions du monde et raconte une partie de l’odyssée humaine. Les Amérindiens sont presque exclusivement de groupe O, héritage des migrations venues d’Asie. L’Inde et l’Asie centrale montrent une forte présence du groupe B. L’Europe est marquée par la prévalence du groupe A. En Afrique, le groupe O domine avec certaines variantes comme le système Duffy, liées à la résistance au paludisme.
En 1900, Karl Landsteiner, médecin autrichien, découvre qu’en mélangeant le sang de différentes personnes, certaines combinaisons provoquent une agglutination (coagulation). Il identifie ainsi les groupes sanguins A, B et O. Quelques années plus tard, le groupe AB y est ajouté.
Et les transfusions, qui étaient extrêmement risquées avant ces découvertes, deviennent acte sûr, surtout pendant la Première Guerre mondiale avec la nécessité de conserver et de transporter le sang.
Miroir des peuples et des caractères, le sang a beaucoup évolué à travers les siècles. Aujourd’hui, le don du sang est devenu l’un des plus beaux symboles de solidarité universelle, car peu importe la culture ou la civilisation, une poche de sang peut sauver la vie d’un inconnu à l’autre bout du monde !