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Le mystère du bâillement. De l’Antiquité aux salons royaux

Le mystère du bâillement. De l’Antiquité aux salons royaux

Nadine Sayegh-Paris

Le bâillement est l’un des premiers gestes de l’être humain, présent avant même la naissance, et bien avant notre premier cri ! Un geste universel, mystérieux et un peu, contagieux. Il est l’un des rares comportements spontanés qui se transmet par mimétisme. Le simple fait d’en voir ou d’en entendre parler peut donner envie de bâiller !

Dans l’Antiquité, les Égyptiens et les Grecs pensaient que le bâillement permettait à l’âme ou à l’ « esprit vital » d’entrer et de sortir du corps. Hippocrate, au Ve siècle av. J.-C., disait que le bâillement permettait d’évacuer la fièvre et de rafraîchir le cerveau. Qu’il prévenait la fièvre. Donc bâiller, c’était presque thérapeutique !

Légère évolution au Moyen Âge, pour percevoir le bâillement comme une ouverture de l’âme. D’où l’habitude de mettre la main devant la bouche ouverte ou de faire le signe de croix en bâillant pour éviter l’entrée des esprits ou du diable par la bouche, ! Une coutume qui a tellement marqué qu’encore aujourd’hui, on garde ce réflexe !

Dans la liturgie aussi ! Certains moines médiévaux devaient demander pardon s’ils bâillaient pendant l’office. Acte interprété comme un manque de ferveur spirituelle. D’ailleurs, les règles monastiques prévoyaient même des pénitences si l’on bâillait trop ostensiblement pendant les messes.

Plus tard, au le XVIIIe siècle, les médecins ont commencé à associer le bâillement à l’ennui, à la fatigue, à un manque d’oxygène. A la cour de Louis XV, un courtisan réputé pour son ennui chronique bâillait sans arrêt pendant les longues audiences. Un jour, le roi, excédé, lui dit devant tout le monde : « Monsieur, vous devriez bâiller moins fort, cela m’empêche de dormir. »

La cour éclata de rire : le bailleur ennuyeux était remis à sa place, et le bâillement devenait une arme d’esprit royal !

                                         

Aujourd’hui, on estime qu’un humain bâille entre 5 et 10 fois par jour en moyenne, et davantage s’il est fatigué ou s’il voit d’autres personnes bâiller. De même pour les animaux. Les singes, les chiens, les chats, les oiseaux. Par exemple, pour les primates, bâiller est un signe de domination et d’agressivité !

Quant aux bébés, le bâillement s’inscrit dans un autre registre. Les échographies 4D ont révélé que les bébés commencent à bâiller dès la 12ᵉ semaine de grossesse, in utero, parfois plusieurs fois par jour. Car le bâillement fœtal ne traduit pas l’ennui ou la fatigue mais semble être lié au développement neurologique. Il servirait à stimuler le cerveau et le système nerveux en formation. Certains chercheurs pensent aussi qu’il aide à préparer les muscles respiratoires avant la naissance.

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