L’oignon, joyau discret de la Mésopotamie

L’oignon, joyau discret de la Mésopotamie
Nadine Sayegh-Paris

Bien avant qu’il ne devienne un ingrédient universel, l’oignon parfumait déjà les cuisines et les temples de la Mésopotamie. Dans les plaines fertiles entre le Tigre et l’Euphrate, ce bulbe modeste était bien plus qu’un simple légume. Il incarnait la saveur, la santé et la symbolique d’un monde en pleine sédentarisation.
Les Sumériens, puis les Babyloniens, le cultivaient aux côtés de l’ail et du poireau, formant une trinité aromatique que l’on retrouve dans les plus anciennes tablettes de recettes connues, vieilles de près de 4 000 ans. On y décrit des ragoûts parfumés à l’oignon, au gras et aux herbes, préparés pour les banquets royaux autant que pour les offrandes divines.
Outre ses qualités culinaires, l’oignon fascinait aussi par sa forme circulaire et ses couches concentriques. En Egypte ancienne il était associé à la vie éternelle et on en plaçait dans les tombes pour accompagner les défunts dans l’au-delà. Chez les Romains, l’oignon était apprécié pour sa capacité à fortifier le corps et l’esprit. Pour cela, il faisait partie des régimes alimentaire des soldats. Les Grecs, eux, voyaient en l’oignon un symbole de croissance spirituelle, chaque couche représentant une étape vers une vérité plus profonde.
Au Moyen Âge, les oignons étaient utilisés pour diagnostiquer les maladies. On croyait qu’un oignon coupé, absorberait les maux, les maladies et les énergies négatives. Ce légume est ainsi perçu comme un outil de bien-être, un gardien et un protecteur des foyers.
Ce n’est donc pas un hasard si l’oignon a traversé les millénaires sans perdre sa place dans nos cuisines. De Babylone à nos assiettes, il reste le fil invisible qui relie les premières civilisations à la table d’aujourd’hui. Un goût ancien, familier et toujours porteur d’histoire et ‘d’anecdote’ !
D’ailleurs, on raconte que les immigrants chinois, à leur arrivée en Amérique, étaient surnommés « les oignons » à cause de leur culture et traditions qui, tellement riches et complexes, étaient chose imperceptible au premier abord, pour la société américaine !




