Le pain, source essentielle de vie, et, de conflits !
Le pain, source essentielle de vie, et, de conflits !
Nadine Sayegh-Paris
L’histoire du pain offre une grande perspective sur l’impact profond de cet aliment sur la vie des gens.
Depuis l’Égypte ancienne, le pain est honoré non seulement comme aliment mais aussi comme offrande digne des divinités, élément central pour les traditions rituelles, funéraires et économiques, et ce, depuis la récolte, la transformation des céréales, jusqu’à leur cuisson et leur commerce !
Symbole de la prospérité et de l’abondance, les miches de pain de l’Égypte ancienne étaient conservées et placées dans des tombes entre autres biens, pour accompagner le défunt et assouvir sa faim. Aussi, l’importance du pain était également indéniable à l’époque de la Rome antique.
A chacun son pain
Plus tard, dans la société médiévale, chaque individu de la noblesse recevait une ration quotidienne de pain de blé, comprise entre deux et trois livres.
En effet, le blé, utilisé pour produire le pain blanc, fin et moelleux, était réservé à l’aristocratie et au clergé. Quant aux paysans, ils étaient associés au pain noir, ‘falsifié’, mélangé aux pois, lentilles, châtaignes et bien d’autres plantes !
Le processus de production du pain était laborieux et impliquait plusieurs étapes. Au début de l’époque médiévale, le métier de ‘meunier-boulanger’ n’en formait qu’un. Le premier moulait le grain et le second cuisait le pain. Au fur et à mesure que les villes se développaient, le processus fut divisé en deux métiers et les boulangers commençaient à s’organiser en guildes, qui fonctionnaient comme une combinaison de syndicat, de monopole de marché et d’organismes de réglementation. Alors, pour protéger le consommateur, l’État s’est mis à intervenir à coup de politiques législatives, de sorte à superviser les aspects liés au poids, à la qualité et au prix de ce produit.
Quid de son impact religieux !
D’autre part, il est important de souligner les différends qui ont dû exister au sein de la communauté chrétienne, à une époque, quant au type de pain à utiliser pour la communion. Avec ou sans levain ! L’Eglise orientale croyait que seul le pain au levain, à base de levure, pouvait être utilisé comme eucharistie, tandis que l’Église catholique romaine utilisait du pain sans levain pour la sainte communion.
Un profond débat théologique qui a dominé tout le Moyen Âge et a conduit à des violences, voire à des condamnations pour hérésie. Au point qu’en 1053, toutes les églises catholiques romaines furent fermées dans la capitale byzantine de Constantinople et leur pain sans levain fut piétiné dans les rues !