Toujours fiers de notre camembert
Nadine Sayegh-Paris
Courbes, cartes, camemberts ou barres, aujourd’hui plus que jamais nous sommes entourés de ces ‘data-visualistes’ qui nous permettent de mieux comprendre les raisonnements statistiques et les données chiffrées, parfois très complexes.
Et dire que ces différentes formes sont le fruit d’une longue histoire !
L’un des premiers graphiques nés au Xe siècle est la “Description du mouvement des planètes au cours du temps” de Macrobe. Mais c’est seulement entre 1780 et 1850 que se développe complétement la visualisation de données avec trois grandes figures pionnières : William Playfair qui veut “parler à l’œil”, Charles Joseph Minard qui cherche à “calculer par l’œil”, et Florence Nightingale qui tient à “changer l’œil” .
Ingénieur, espion, spéculateur, journaliste ou arnaqueur, l’écossais William Playfair (1758-1823) est surtout connu pour être le grand aventurier dans l’histoire des graphiques. Ainsi en 1801, il crée le 1er camembert pour illustrer les propriétés foncières de l’Empire turc, la taille des trois parts du cercle correspondant à la superficie de leurs terres ! cet inventeur du diagramme à barres (bar chart), du circulaire (pie chart) et de la courbe graphique (line chart) vante une et une seule théorie : “à mesure que les connaissances humaines se développent et que les échanges se multiplient, il devient de plus en plus nécessaire de synthétiser et de faciliter les modes de transmission de l’information”.
Quelques années plus tard, Charles Joseph Minard fait évoluer les diagrammes à barres qui vont faciliter la construction du réseau ferroviaire en France ainsi que visualiser, pour chaque axe donné, la distance parcourue, le taux de passagers et le volume de marchandises transportées, avec un code couleur selon le type de biens.
Arrivent enfin les travaux de Florence Nightingale (1820-1910), cette Infirmière britannique, connue pour avoir amélioré la vision de son métier et montré que la mort de la plupart des soldats n’est pas due au combat, mais plutôt aux maladies qu’ils auraient pu éviter si les conditions sanitaires des hôpitaux militaires étaient meilleures !
Et depuis, notre œil s’est habitué à voir ces graphiques magiques qui informent l’esprit et éveillent l’imagination.
Bien qu’elle soit la plus décriée et qu’elle ait toujours besoin de chiffres pour accompagner son raisonnement, cette tarte, galette ou pizza qu’est le camembert coloré, reste la plus populaire.
Comme le souligne le professeur Ian Spencer : « le camembert reste le premier diagramme à secteurs à afficher des proportions empiriques et à différencier les composants par couleur » !